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Nous avions vu, dans l’article précédent, que c’est sous Charles X qu’une formation sérieuse commence à voir le jour, donnant vie à des idées ébauchées sous l’Empire.

La monarchie de Juillet enfoncera le clou : L’Ecole Navale est née.

Les principes prévalant auparavant sont conservés : les élèves, toujours admis sur concours, suivent une formation à bord de l’Orion. L’enseignement est polyvalent, avec une prépondérance évidente pour ce qui relève des matières militaires (navigation, architecture navale, hydrographie, manœuvres et tactique, l’artillerie, etc.), dont la partie pratique prend la forme de corvettes (sorties en mer) régulières, pendant les deux ans que dure leur séjour à bord.

Le Borda III (ex-Valmy) – François Geoffroy Roux

L’Orion lui-même, ainsi que ses successeurs que seront le Commerce de Paris (de 1840 à 1864), le Valmy (de 1864 à 1890) ou L’Intrépide (de 1890 à 1913), est embossé en rade de Brest et par conséquent ne bouge pas, car désarmé et transformé en immeuble flottant à bord duquel l’Ecole est hébergée.

Tous ces vaisseaux seront successivement rebaptisés Borda (I, II, III et IV) du nom du chevalier Jean-Charles de Borda (1733-1799), célèbre ingénieur du génie maritime.

En 1915 cependant, l’Ecole déménagera définitivement à terre.

Visite de l’impératrice Eugénie à bord du Borda II – Auguste Mayer

La promiscuité, la vie austère et la discipline stricte font naître un esprit de corps parmi les élèves, les fameux « bordaches », qui y développent même un argot propre qui reprend le surnom de l’Ecole : « l’argot baille ».

Les conditions de vie sont rudes et causeront d’ailleurs une révolte parmi les élèves en 1846, ce qui aboutira à un léger assouplissement de ces dernières.

La marine évoluant vite au cours du XIXe siècle (apparition de la cuirasse, de la propulsion à la vapeur, de la torpille, etc.), les bordaches, quoiqu’initialement rétifs à ces changements, devront s’adapter d’autant plus vite que cela leur est imposé par les choix politiques : en 1857, une loi des finances considère que « tout navire non pourvu de machine cessera d’être considéré comme navire de guerre. »

La « chafuste » (machine à vapeur en argot) prend lentement le pas sur les voiles, qu’elle finira d’ailleurs par enterrer définitivement.

Par conséquent, des cours de mécanique des machines viennent s’ajouter au programme.

En 1864, on instaure une nouveauté. Après deux années sur le Borda, les élèves embarquent pour une longue corvette de presque un an sur les océans du globe : il s’agit des « écoles d’application », clôturant la formation par un exercice pratique que Maurice Rollet de l’Isle décrit dans ses Lettres et carnets, dont la publication par nos soins aura lieu incessamment.

Exercice à bord de La Flore, pendant une école d’application – Maurice Rollet de l’Isle – © Service historique de la Défense

Vers la fin du XIXe-début du XXe siècle, quelques changements ont lieu. La guerre navale devient une science à plusieurs facettes allant se compliquant au fur et à mesure de l’évolution des armements et des progrès techniques.

La nécessité d’encadrer le parcours des officiers supérieurs et généraux et de les former aux enjeux politiques, à la conduite de grandes formations navales et d’escadre fait naître une autre institution : l’École supérieure de la Marine, qui deviendra par la suite l’École Supérieure de Guerre Navale.

Parallèlement, les formations de l’Ecole Navale deviennent plus techniques et sont plus approfondies en ce qui concerne les armes (artillerie, torpilles, aviation, hydravions, etc.), intégrant également l’élément sous-marin et l’aviation navale.

Je n’irai pas bien au-delà du début du siècle précédent, souhaitant surtout donner un cadre à la lecture des écrits de Maurice Rollet de l’Isle. Toujours est-il que je souhaite conclure en disant que les élèves se sont distingués au cours des deux grands conflits mondiaux, l’institution recevant à ce titre la Légion d’honneur et les deux croix de guerre.

Elève officier
Maurice Rollet de l’Isle – © Service historique de la Défense

Des nouvelles des livres

Etant donné que les billets nécessitent une bonne dose de recherche et que les activités de la maison suivent un rythme allant crescendo, nous allons passer à un billet mensuel en lieu et place du rythme bimensuel que nous avions adopté dans un premier temps :

-Les Lettres et carnets de Maurice Rollet de l’Isle ont désormais leur préface. Ils sont dans les starting-blocks, attendant la bénédiction de deux institutions avant de partir à l’imprimerie. Ce sont elles qui dictent désormais le rythme, mais j’ai bon espoir d’en obtenir des nouvelles ce mois-ci.

-Les Lettres de Cortés sont désormais relues. La version raccourcie est en ce moment auprès de Terry David pour sa correction et celles des certains de ses professeurs. Une fois que nous aurons obtenu cela, nous nous attèlerons aux commentaires, clés de voûte de cet ouvrage. Ce sera Terry qui se chargera de leur rédaction (avec des analyses et explications sur les civilisations aztèques, mayas, et tant d’autres) et de la supervision des illustrations du livre.

Il devrait voir le jour à la fin du premier trimestre 2023.

-L’amiral Cockburn et le capitaine Maitland sont désormais en pause, mais celle-ci sera de courte durée. Nous reprendrons la traduction du second dès que possible.

-Un autre ouvrage semble avancer également, concernant les premières circumnavigations commerciales françaises au début du XVIIIe siècle. J’en dirai plus incessamment.

Sources

Ce qui est dit et écrit dans mes articles représente un assemblage de plusieurs hypothèses et faits dont je récupère l’essentiel sur différentes versions de Wikipedia (française, anglaise, allemande et espagnole), qui me relaient vers les travaux correspondant à ma recherche.

Ce n’est donc pas une thèse et il est tout à fait possible que je puisse me tromper lors de la rédaction. Si un lecteur venait à s’en apercevoir, il est libre de me le signaler afin que je procède à un amendement.

– http://aom-france.wifeo.com/recrutement-interne-historique.php.

– « La formation des officiers de marine : de Richelieu au XXIe siècle, des gardes aux bordaches », Patrick Geistdoerfer, 2005, Revue semestrielle d’anthropologie des techniques.

-https://www.napoleon.org/histoire-des-2-empires/articles/la-renaissance-de-la-marine-militaire-francaise-sous-napoleon-iii/

Fondateur - éditeur

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